L'Afrique face au développement et à la mondialisation

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Introduction

   L'Afrique est un espace sur lequel de nombreuses représentations négatives sont projetées : elle serait ainsi le continent du mal développement, des guerres, de la pauvreté, des famines ; elle serait en marge, si ce n'est exclue de la mondialisation. Pourtant la situation est bien plus complexe.

   En effet, l'Afrique connaît de profondes mutations du fait de la mondialisation, c'est à dire cet ensemble de processus qui renforcent l'intégration et l'interdépendance des lieux, des territoires, des économies et des sociétés humaines à l'échelle mondiale. Mais ces mutations n'opèrent pas de la même manière partout et le développement, c'est à dire l'amélioration des conditions de vie sociales et économiques apportant aux hommes la satisfaction de leurs besoins essentiels, n'est pas homogène sur tout le continent.

   L'Afrique peut-elle trouver dans la mondialisation les outils pour se développer ?

   Dans un premier temps, nous verrons que l'Afrique est un continent marqué par des problèmes de développement (I). Puis nous verrons que l'Afrique occupe une position ambiguë dans la mondialisation (II). Enfin, nous essayerons d'établir une typologie des pays africains car il existe une grande disparité de situations (III).


TRACE ECRITE 1


I- Un continent face aux défis de développement

 

L'Afrique est un continent qui souffre de nombreux problèmes de développement. Pour les enrayer, elle doit faire face à plusieurs défis : le défi démographique (A), le défi social (B) et le défi environnemental (C).

 

A- Le défi démographique : maîtriser la croissance de la population

 

Le développement passe par la maîtrise de la croissance démographique. En effet, même si l'Afrique n'a jamais été surpeuplé (la densité y reste faible, 30 hab/km², soit moins que la moyenne mondiale de 48 hab/km²), l'Afrique est le continent qui a la plus forte croissance démographique (1/3 du total mondial) car il est en pleine transition démographique (mortalité en baisse pendant que la natalité reste élevée). Mais les premiers signes d'une maîtrise de cette croissance apparaissent : la natalité est en baisse.

 

  • Exemple 1 : Par exemple, les villes connaissent un essor important.
    • Le taux d'urbanisation est passé de 14 % en 1950 à 50 % en 2015.
    • Les 3 premières mégapoles africaines sont Le Caire, Johannesburg et Lagos.
    • La croissance de ces mégapoles africaines entraîne l'extension des bidonvilles, ces quartiers informels faits de matériaux de récupération et qui ne sont reliés à quasiment aucun réseau (réseau de transport, réseau d’adduction d'eau, réseau de tout-à-l'égout, réseau d'électricité).
  • Exemple 2 : Ainsi, la population africaine est très jeune.
    • La moitié de la population a moins de 25 ans.
    • Cela est un atout : la population africaine est dynamique et ouverte aux innovations.
    • Mais cette jeunesse exige aussi des politiques sociales fortes : il faut l'éduquer, la soigner, lui trouver des emplois.
    • Il faut cependant noter que le poids de la jeunesse est plus fort en Afrique subsaharienne qu'en Afrique du Nord où la transition démographique est plus avancée. 

B- Le défi social : lutter contre la pauvreté

 

Le développement passe ensuite par la lutte contre la pauvreté. En effet, l'Afrique est le continent le plus pauvre du monde. Malgré des taux de croissance économique souvent élevés (5% sur la décennie 2000-2010), la pauvreté reste forte. Les facteurs de cette pauvreté sont nombreux : les conflits qui déstabilisent les pays, la mauvaise redistribution des richesses (les pays riches en ressources naturelles ne sont pas forcément les moins pauvres si les richesses produites sont mal réparties), la faiblesse de la protection sociale (systèmes d'éducation et de santé). Les résultats de la lutte contre la pauvreté sont mitigés : elle recule en pourcentage mais le nombre global de pauvres augmente à cause de la croissance démographique.

  • Exemple 1 : Ainsi, les chiffres sont éloquents :
    • plus de 4 Africains sur 10 vivent avec moins de 1,90$ par jour (seuil de pauvreté défini par la banque mondiale en 2015).
    • L'Afrique est le continent qui concentre le plus de pauvres aujourd'hui avec 330 millions de pauvres en 2012 contre 280 en 1990. Même si la part a baissé de 56% à 43%, la forte croissance démographique explique la hausse du nombre de pauvres.
    • Les 20 pays les plus pauvres du monde (calculé à partir du PIB/hab) sont situés en Afrique africain, sauf l'Afghanistan.
Le bidonville de Kibera, Kenya
Le bidonville de Kibera, Kenya

C- Le défi environnemental : ménager les milieux

 

Le développement de l'Afrique passe enfin par le ménagement de son environnement. En effet, le continent est soumis à des pressions environnementales fortes : étalement urbain, désertification, marées noires, surexploitation des ressources, élévation du niveau de la mer. L'Afrique est le continent qui le plus souvent n'est pas à l'origine de ces pressions mais qui subit le plus durement les conséquences. Hormis pour la protection animale, le ménagement des milieux n'est pas encore suffisamment pris en compte par les Etats africains, souvent faute de moyens.

 

  • Exemple 1 : Ainsi, il y aurait eu plus de 7000 marées noires dans le delta du Niger entre 1970 et 2000.
    • Le delta du Niger s'ouvre sur le Golfe de Guinée
    • Le Golfe de Guinée est un espace maritime qui joue un double rôle : il concentre les ports connectés aux routes maritimes mondiales (Lagos, Abidjan, Cotonou) et il est exploité pour ses ressources en pétrole.
    • De lors, les risques d'accidents de plateformes off-shore et de dégazages sauvages des navires sont augmentés.
  • Exemple 2 : Par exemple, le réchauffement climatique accentue la désertification.
    • La désertification est le phénomène qui fait passer une zone de la semi-aridité vers une aridité complète, la transformant en désert.
    • Elle touche les pays du Sahel en provoquant de mauvaises récoltes et en multipliant les disettes, voire les famines
    • Ce réchauffement climatique est dû essentiellement aux rejets de gaz à effet de serre des pays développés et émergents.
  • Exemple 3 : Par exemple, l'Afrique devient le dépotoir des déchets toxiques des pays industrialisés
    • Les coûts de traitement sont moindres, voire nuls.
    • Ces déversements provoquent des catastrophes sanitaires : multiplication des cancers, malformations infantiles
    • Malgré des scandales très médiatisés comme en Côte d'Ivoire ou en Somalie, les pratiques perdurent.
  • Exemple 4: Ainsi, le réchauffement climatique provoque la fonte des neiges éternelles du Kilimandjaro.
    • Le Kilimandjaro est le plus haut sommet d'Afrique. Il est situé en Tanzanie.
    • Le non-renouvellement de ces neiges menace l'approvisionnement en eau des populations alentours.
Les neiges éternelles du Kilimandjaro, le plus haut sommet d'Afrique, situé en Tanzanie, sont menacées par le réchauffement climatique. Elles mettent en danger l'approvisionnement en eau des populations humaines et animales alentours.
Les neiges éternelles du Kilimandjaro, le plus haut sommet d'Afrique, situé en Tanzanie, sont menacées par le réchauffement climatique. Elles mettent en danger l'approvisionnement en eau des populations humaines et animales alentours.

Transition : L'Afrique est donc encore un continent soumis à une triple pression démographique, sociale et environnementale qui l'enferme encore globalement dans le sous-développement. Mais la mondialisation est-elle un facteur ou une solution de ces problèmes de développement ? 


TRACE ECRITE 2


II- Une place ambiguë dans la mondialisation

 

L'Afrique occupe une place ambiguë dans la mondialisation. D'abord parce qu'elle reste en marge de cette mondialisation (A). Ensuite parce que la sphère informelle y est forte (B). Néanmoins, le décollage des années 2000 offre de nouvelles perspectives (C).

 

A- L'Afrique, encore une marge de la mondialisation

 

L'Afrique est encore en marge de la mondialisation formelle. Cette marginalité tient à deux éléments. D'abord, son économie est peu diversifiée : elle exporte essentiellement des matières premières peu transformées (minerais, bois, pétrole) et les Etats africains ont donc globalement une économie de rente (= économie faiblement diversifiée qui s'appuie surtout sur les ressources naturelles). Ensuite, l'économie est contrôlée essentiellement par des FTN non africaines : les Etats sont faibles, ne contrôlent pas les marchés et laissent les FTN prédatrices surexploiter les territoires.

  • Exemple 1 : Ainsi, l'Afrique intervient dans seulement 3% des flux mondiaux de marchandises.
    • Le poids de l'Afrique dans les échanges mondiaux a diminué d'un tiers depuis les années 50.
    • Les flux sont à 80 % des flux de matières premières
    • Ils sont essentiellement destinés aux pays du Nord (Europe, Amérique du Nord) et à l'Asie de l'Est (Chine et Japon).
  • Exemple 2 : Par exemple, dans le cas de la production mondialisée d'un iPhone, l'essentielle des étapes est contrôlée par Apple, FTN étatsunienne.
    • Apple engage des sous-traitants qui font travailler des ouvriers dans des conditions de travail déplorables, voire très dangereuses.
    • L'Afrique n'est ici qu'un fournisseur de matières premières pour les composants électroniques (étain, coltan, tantale). Aucun étape de transformation n'intervient sur son territoire.
    • Les Etats laissent faire moyennant le paiement d'un droit d'exploiter les terres.

B- Mais un poids dans la mondialisation informelle

 

Néanmoins, la marginalité de l'Afrique dans la mondialisation formelle est contrebalancée par un poids important des trafics mondiaux illégaux. En effet, de nombreux flux mondiaux illégaux échappent aux statistiques et au contrôle des Etats (douanes, fiscalité) : contrefaçons, drogues, armes, essence, cigarettes de contrebande, médicaments de contrebande, déchets toxiques, diamants, enfants et femmes prostituées, migrants.

  • Exemple 1 : Par exemple, l'Afrique est un relais pour les flux de drogue entre l'Amérique latine et l'Europe.
    • Le Sénégal, le Nigeria et le Mali sont ainsi des plaques tournantes redistribuant la cocaïne latinoaméricaine vers les pays d'Europe.
  • Exemple 2 : Les flux de migrants participent de cette mondialisation informelle africaine.
    • Ces flux de migrants sont essentiellement des flux intra-africains à 80 % mais aussi en direction de l'Europe ou de la péninsule arabique
    • Ils s'accompagnent de transferts de biens, de capitaux (les remises) et d'informations. 
L'Afrique, relais entre l'Amérique latine et l'Europe dans la circulation des flux mondiaux de la drogue.
L'Afrique, relais entre l'Amérique latine et l'Europe dans la circulation des flux mondiaux de la drogue.

 

C- De nouvelles perspectives depuis les années 2000

 

Depuis le début des années 2000, l'Afrique a connu une ouverture forte à la mondialisation légale et le continent semble en profiter (5 % de croissance en moyenne sur la décennie 2000-2010, avec un ralentissement depuis néanmoins). L'économie se diversifie et est donc moins soumise aux aléas des marchés. Une classe moyenne émerge et offre un potentiel de consommation. Néanmoins, l'insuffisance des infrastructures de transport, la corruption des élites dirigeantes et la persistance des conflits sont autant d'obstacles au développement économique et social.

  • Exemple 1 : Les investissements étrangers sont en hausse.
    • Ils ont augmenté de 80% entre 2003 et 2010.
    • Ce sont les pays émergents, Chine en tête, et les pays de la Triade qui investissent le plus.
    • Ces IDE sont dirigés essentiellement vers les secteurs de l'extraction minière, de la production d'hydrocarbures et des infrastructures de transport.
  • Exemple 2 : L'économie se diversifie. A l'exportation de matières premières, les Etats tentent d'ajouter celle de produits agricoles délaissés.
    • Ces produits sont le cacao, le coton, le café
    • Les Etats tentent de se les réapproprier pour se développer.
    • L'objectif est de se dégager des économies de rente car une économie trop peu diversifiée est dangereuse en cas de crise du cours des matières premières.     
Cette image est symbolique des nouvelles dynamiques affectant l'Afrique : une Afrique qui a moins de 25 ans à 50% (l'homme sur la photo est un jeune), une Afrique qui se mondialise (vêtements à l'occidental, chaussure Converse), une Afrique connectée
Cette image est symbolique des nouvelles dynamiques affectant l'Afrique : une Afrique qui a moins de 25 ans à 50% (l'homme sur la photo est un jeune), une Afrique qui se mondialise (vêtements à l'occidental, chaussure Converse), une Afrique connectée

Transition : Longtemps cantonné à un rôle de fournisseur de matières premières et de plaque tournante des trafics mondiaux illégaux, l'insertion de l'Afrique dans la mondialisation légale est croissante. Ce changement conduit à des situations variées.

III- Des « Afriques » : vers une typologie

 

Le continent africain n'est pas homogène. Une typologie des pays selon leur degré d'insertion dans la mondialisation et leur niveau de développement peut donc être établie. : l'Afrique émergente au Nord et au Sud la mieux intégrée (A), l'Afrique intermédiaire des pays rentiers et en développement qui est encore peu intégrée (B) et enfin l'Afrique des PMA encore enclavée et très peu intégrée (C).

 

A- L'Afrique émergente : l'Afrique du Sud et l'Afrique du Nord

 

Il existe d'abord une Afrique émergente. Elle est relativement bien intégrée à la mondialisation avec un niveau de développement assez élevé (IDH à environ 0,7). Elle comprend l'Afrique du Sud et les pays d'Afrique du Nord.

  • Exemple 1 (ici les deux exemples doivent apparaître) : L'Afrique du Sud est la seule puissance complète du continent.
    • Elle fait partie du groupe des BRICS
    • Elle est reliée à la finance mondiale par la bourse de Johannesburg.
    • Elle a le PIB le plus important du continent (350 milliards de dollars en 2013)
    • Elle dispose d'un pourcentage d'abonnés au téléphone important : 109 %
    • Elle accueille des événements internationaux comme la Coupe du Monde de football en 2010.
    • Elle est une puissance régionale importante.
  • Exemple 2 (ici les deux exemples doivent apparaître) : Les pays d'Afrique du Nord sont considérés comme de nouveaux pays émergents (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Egypte).
    • Ils exercent une influence régionale importante, en particulier l'Algérie qui dispose d'une armée efficace.
    • Ils disposent de ressources importantes en hydrocarbure (Algérie, Libye), d'un potentiel touristique (Tunisie, Maroc, Egypte) et/ou de ressources agricoles (Maroc).
    • Ils sont un espace de délocalisation industrielle pour les pays du Nord.
    • Ils disposent d'une ouverture vers l'espace méditerranéen, espace parcouru de flux.
    • L'espérance de vie est élevée.
    • Ils disposent d'un pourcentage d'abonnés au téléphone important (111 % pour le Maroc)
    • Néanmoins leur économie reste fragile et la situation politique et sociale est encore instable depuis les révoltes populaires de 2011 qui ont chassé en Tunisie, en Egypte et en Libye les dictateurs.

B- L'Afrique intermédiaire : les pays rentiers et les pays en voie de développement

 

Il existe ensuite une Afrique intermédiaire. Elle est encore mal reliée à la mondialisation et les niveaux de développement sont assez faibles (IDH à environ 0,4-0,6). Elle comprend des pays à économie de rente et des pays dits en voie de développement.

 

  • Exemple 1 (ici les deux exemples sont obligatoires) : Les pays rentiers profitent surtout de la manne pétrolière comme le Nigeria, le Gabon, l'Angola, la République démocratique du Congo. Il peut s'agir également d'un produit agricole comme pour la Côte d'Ivoire (Cacao).
    • Leur économie est branchée à la mondialisation par le biais d'un seul canal : l'exportation du pétrole ou d'un produit agricole. C'est une économie de rente.
    • Malgré les profits réalisés, la majorité de la population reste pauvre et le développement assez faible, aux environs de 0,4-0,5.
    • On parle de « malédiction de la rente », c'est-à-dire d'une trop forte dépendance d'un territoire à l'égard d'une ressource naturelle, qui concentre les investissements au détriment du développement économique et social
  • Exemple 2 (ici les deux exemples sont obligatoires) : Les pays en voie de développement connaissent des situations fragiles et ont peu de richesses à mettre en valeur.
    • Le revenu par habitant oscille entre 1000 et 4000 dollars par an.
    • Le tourisme peut être une voie de développement pour ces pays : Sénégal, Kenya, Tanzanie
    • Ils ont également souvent une ouverture vers la mer.

C- L'Afrique la plus marginalisée : les PMA

 

Il existe enfin une Afrique très en marge. Elle n'est pas du tout intégrée à la mondialisation et les niveaux de développement sont les plus faibles du monde (IDH à environ 0,3-0,4). Elle comprend les pays les moins avancés (PMA)

 

  • Exemple : Ces pays comme le Mali, l'Ethiopie, le Soudan accumulent les handicaps
    • Ils sont enclavés en n'ayant pas d'accès à la mer et peu d'infrastructures de transport.
    • Ils sont en situation de conflit (Mali, Somalie) ou post-conflit (Sierra Leone, Liberia) avec des économies et des systèmes sociaux détruits.
    • Les systèmes de santé et d'éducation sont très faibles. La scolarisation est réduite au minimum (2 ans au Mali) Des épidémies nombreuses frappent la population : le paludisme, le SIDA (surtout dans le Sud de l'Afrique), Ebola (surtout en Afrique de l'Ouest).
    • Le pourcentage d'abonnés au téléphone est souvent faible : 9 % en Ethiopie
    • Les Etats sont souvent défaillants. La corruption y est structurelle. Des zones grises se développent comme en Somalie où la piraterie se développe ou au Mali où des groupes rebelles islamistes maîtrisent certaines zones.

Croquis tiré de Annabac 2016 Histoire-géo T ES/L, Nathan, p. 258-259

Croquis extrait de http://profjuilleron.over-blog.com réalisé par Mme Juilleron, Mme Frantz, M. Suarez

Croquis tiré de http://la-story.over-blog.com