La mondialisation : acteurs, flux, débats

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Pour commencer, vous pouvez regarder cette vidéo où Gilles Ardinat, géographe, présente son livre sur la mondialisation. Il insiste sur le fait que la mondialisation n'est pas seulement économique mais bien un phénomène protéiforme.

Introduction

Nous voulons une génération indignée

qui laboure les horizons

déterre les racines de l'histoire

arrache la pensée aux ténèbres (…)

Nous voulons une génération

pionnière

prodigieuse


Ces mots sont extraits d'un texte du poète syrien Nizar Qabbani dans Les carnets de la défaite (1967). Ce texte a beaucoup circulé dans les réseaux mondiaux du mouvement des Indignés en 2011. Il est emblématique à la fois des résistances à la mondialisation mais également des flux instantanés qui circulent via les réseaux du web à l'échelle mondiale.

En effet, la mondialisation est un ensemble de processus qui renforcent l'intégration et l'interdépendance des lieux, des territoires, des économies et des sociétés humaines à l'échelle mondiale. Cette mondialisation est un processus ancien qui s'est construit en trois phases successives :

  • la 1ère, aux XVe-XVIe, est portée par les Grandes Découvertes
  • la 2e, au XIXe siècle, correspond à la construction d'empires coloniaux par les puissances industrielles européennes,
  • la 3e étape, au XXe, est l'intensification des échanges internationaux de marchandises, la financiarisation de l'économie et l'extension du modèle libéral capitaliste à l'ensemble de la planète.

La mondialisation est donc actuellement portée par des acteurs économiques et financiers avant tout, de l'échelle mondiale à l'échelle locale. Mais la mondialisation mobilise des acteurs dans d'autres domaines parce qu'elle est est un phénomène protéiforme où plusieurs champs sont en interaction : économique, politique, social, culturel, géopolitique, juridique, environnemental, religieux, etc. Il s'agit bien d'un phénomène systémique. Mais il existe aussi des résistances à cette construction. Les effets économiques, sociaux, culturels et environnementaux de la mondialisation ont débat. D'autres acteurs cherchent ainsi à freiner ou transformer voire détruire la mondialisation.

Dans quelle mesure les stratégies des acteurs de la mondialisation intensifient ou freinent les mécanismes de son fonctionnement ?

Nous verrons dans un premier temps quelles sont les motivations des principaux acteurs de la mondialisation (I). Puis, nous étudierons la diversité et l'intensification des échanges mondiaux qu'opèrent ces acteurs (II). Dans un troisième temps, nous montrerons les limites et les contestations de la mondialisation.


TRACE ECRITE 1


I- La mondialisation est un processus d'interdépendance mondiale soutenu par des acteurs variés


La mondialisation est un processus d'interdépendance mondiale soutenu par des acteurs variés. Les firmes transnationales portent la mondialisation économique (A). Leur action est encouragée ou freinée par les Etats, parfois regroupés en organisations régionales (B). Mais une diversité d'autres acteurs intervient sur le processus protéiforme de la mondialisation (C)


A- Les firmes transnationales, locomotives de la mondialisation

 

Les firmes transnationales (FTN) sont les acteurs majeurs de la mondialisation.

  • Elles sont les moteurs de l'économie mondiale. On en dénombre plus de 80 000. Elles représentent un 1/4 du PIB mondial et les 2/3 des échanges mondiaux. Elles sont présentent dans tous les secteurs de l'économie : pétrole (China National Petroleum, Sinopec, Exxon-Mobil), agroalimentaire (Nestlé), restauration (Starbucks, Mac Donalds), automobile (Renault, Toyota), grande distribution (Wal-Mart, Carrefour), textile (Zara, Nike), etc.
  • Elles reproduisent en partie la division Nord/Sud. Plus de 80 % des FTN appartiennent aux pays du Nord, et en particulier aux pays de la Triade. Cette bipartition est remise en cause car le nombre de FTN dans les pays émergents (Brésil, Chine, Inde, Afrique du Sud, Mexique) progressent très rapidement.
  • Leur stratégie d'implantation est mondiale pour profiter des effets de la nouvelle division internationale du travail (NDIT). Les sièges sociaux, les activités de Recherche et Développement (R&D) ainsi que de marketing sont localisées dans les pays développés. Les matières premières sont extraites des pays en développement et des pays les moins avancés (PMA). Les usines de fabrication des pièces et d'assemblage ont été délocalisées dans les pays émergents pour profiter d'une main d’œuvre bon marché et d'avantages fiscaux.
    • Par exemple, l'implantation d'Apple suit globalement ce modèle. Le siège et la R&D de la firme se trouvent en Californie (Silicon Valley) et en Caroline du Sud, la division marketing à New-York. Les matières premières proviennent d'Afrique centrale, de Mongolie et de Chine. Les usines de montages sont dans la Chine et le Brésil émergents. En revanche, les pièces détachées sont toujours fabriquées au « Nord » (Europe de l'Ouest, Corée du Sud, Japon, Etats-Unis) car cela exige un haut niveau de qualification des ouvriers.

 

B- Les Etats, accompagnateurs ou régulateurs de la mondialisation


Les Etats jouent un double rôle. Certaines de leurs actions visent à encourager la libéralisation des échanges pour créer un grand marché mondial. Mais leurs décisions peuvent aussi corriger les dérives de la mondialisation.

  • Les Etats créent un contexte favorable aux FTN. Ils aménagent leur territoire pour gérer les flux : ports, aéroports, axes de transports. Ils créent des conditions fiscales avantageuses : zones franches, abaissement voire suppression des tarifs douaniers
  • Mais ils jouent également le rôle de régulateurs. Ils défendent les intérêts de leur population qui sont parfois contradictoires avec ceux des FTN : si les FTN délocalisent, des emplois disparaissent. Si les FTN veulent imposer un modèle de consommation uniformisé, les populations défendent les spécificités de leur culture et mode de vie. Pour cela, les Etats surveillent plus activement les marchés boursiers et légifèrent avec des normes sociales et environnementales protectrices.
  • Parfois, les Etats se regroupent dans organisations.
    • Celles ci peuvent être institutionnelles : ce sont des associations régionales de coopération économique. Elles créent un marché intérieur commun en supprimant les droits de douanes. Ce regroupement permet aussi de peser davantage dans les négociations internationales.
      • Union Européenne (UE) : 28 pays d'Europe
      • Alena : Canada, Etats-Unis, Mexique
      • Mercosur : Amérique du Sud
      • Asean : dix pays d'Asie du Sud-Est
    • Mais il peut s'agir également de groupes informels : ce sont des clubs de pays les plus puissants du monde qui se réunissent pour coordonner leur politique économique. Ils défendent leurs intérêts.
      • Groupe des 8 : Etats-Unis, France, Allemagne, Canada, Royaume-Uni, Italie, Russie, Japon
      • Groupe des 20 : 19 pays + Union Européenne

C- Les autres acteurs


Parce que la mondialisation n'est pas qu'un processus économique et parce qu'elle s'inscrit à toutes les échelles, une diversité d'autres acteurs interviennent.

  • Les organisations internationales : elles agissent toutes en faveur de la mondialisation. D'essence néolibérale, la mondialisation actuelle cherche à réduire les tarifs douaniers, les taxes, les quotas et les normes qui sont considérés comme des entraves au commerce mondial.
    • L'Organisation mondiale du commerce (OMC) agit en ce sens : elle limite les politiques protectionnistes.
    • Le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale accordent des prêts aux Etats en crise en échange de l'instauration d'une « politique d'ajustement structurel », c'est-à-dire d'une politique prônant la libéralisation des échanges et la réduction du secteur administratif national.
  • Des acteurs qui s'appuient sur des réseaux transnationaux : beaucoup d'acteurs ont assis leur action sur des réseaux de la mondialisation en ignorant les frontières. La mondialisation, en créant des interdépendances entre les territoires, est à l'origine d'opportunités pour beaucoup d'acteurs.
    • Les ONG ont un fonctionnement en réseau. Elles ont des antennes un peu partout dans le monde. Leur fonctionnement repose sur l'échange de flux d'informations et une capacité d'intervention à l'échelle mondiale. Elles interviennent dans les domaines de la santé (Médecins sans frontières), de l'humanitaire (Oxfam), de l'environnement (Greenpeace, WWF) des droits de l'homme (Amnesty International), du droit de travail (China Labour Watch), etc
    • Les mafias s'appuient également sur des réseaux transnationaux. Elles organisent un commerce mondial parallèle et illégal, c'est-à-dire un trafic mondialisé. Ce trafic est parfois criminel. Trafic d'armes, de drogues, de produits de contrebande, d'organes, de main d’œuvre, etc.
  • Des acteurs individuels : les individus peuvent aussi être acteurs de la mondialisation. Il peut s'agir
    • d'inconnus :
      • le consommateur qui achète des produits issus d'une fabrication mondiale,
      • le touriste international qui alimente une économie mondiale en voyageant par avion, par train ou avec un bateau de croisière et qui s'imprègne de nouvelles cultures en même temps qu'il diffuse la sienne car il attend des établissements hôteliers qu'ils recréent un environnement confortable et rassurant, proche de son quotidien.
      • le citoyen qui s'insurge des conditions de travail des ouvriers chinois de Foxconn en Chine qui fabrique les produits Apple
      • l'homme d'affaires qui signe des contrats internationaux et qui inscrit donc son entreprise sur le marché mondial
      • le migrant, illégal ou non, qui mobilise un réseau de connaissances en prenant contact avec des proches dans le pays d'accueil et qui choisit le plus souvent de retourner dans son pays d'origine ou alors de faire venir sa famille une fois les conditions de vie stabilisées dans son pays d'accueil.
    • de personnes connues, devenues icônes de la mondialisation :
      • des artistes vecteurs d'une culture mondialisée : Mickael Jackson pour le cinéma, Marylin Monroe pour le cinéma
      • des entrepreneurs de génie inventeurs de produits mondialisés : Steves Jobs fondateur d'Apple et inventeurs de l'iPhone, l'iPad, etc
      • des hommes politiques passés à la postérité : Gandhi, Martin Luther King ou encore Che Guevara dont les combats en leur temps pour la liberté et l'égalité ont pris une dimension universaliste qui inspire nombre de citoyens, de militants, voire de gouvernements actuels. 

ACTIVITE 1


  • Consigne : complétez la 2e partie du croquis obligatoire "Pôles et flux de la mondialisation"

TRACE ECRITE 2


Transition : La diversité des acteurs de la mondialisation, individuels ou collectifs, institutionnels ou informels, légaux ou illégaux, économiques ou intervenant dans un autre domaine, implique une diversité des flux qu'ils génèrent.


II- Les acteurs de la mondialisation génèrent un monde parcouru de flux, organisé en réseaux.

Les acteurs de la mondialisation génère un monde parcouru de flux, organisé en réseaux. Ces flux sont divers et croissants (A). Les facteurs de leur développement proviennent d'améliorations techniques (B). Ils tissent des réseaux qui connectent les territoires du monde (C).


A- Les flux de la mondialisation, en plein essor, sont divers


Dans toute leur diversité, les flux mondiaux sont croissants

  • Les flux matériels dominent : ils représentent le 1/4 du PIB mondial. La nature des produits échangés se partage ainsi : 70 % sont des produits manufacturés, 20 % des matières premières (minières ou énergétiques) et 10 % des produits agricoles.
  • Les flux humains augmentent : la mobilité des hommes s'accélère. Elle a triplé en 30 ans. Il peut s'agir de touristes internationaux, d'étudiants, de réfugiés politiques ou climatiques, de travailleurs (ouvriers mais aussi hommes d'affaires), de migrants du regroupement familial, etc.
    • Le plus gros contingent est constitué des touristes internationaux. Il y en a eu près d'1,2 milliard en 2014 contre à peine 25 millions en 2050. Cette mobilité est fortement polarisée, c'est-à-dire que les touristes se dirigent vers un très petit nombre de pays : 15 pays accueillent 2/3 des flux. La hausse des niveaux de vie et la diminution des coûts de transport expliquent en grande partie cette forte mobilité touristique.
  • Les flux immatériels explosent :
    • les flux financiers sont en très forte croissance. Il peut s'agir d'échanges boursiers, d'Investissements directs à l'étranger (IDE) ou encore de remises. Ils sont polarisés par les pays les plus développés et de plus en plus par les pays émergents. Une grande partie de ces flux circulent également par les paradis fiscaux et entretiennent des organisations transnationales illicites.
      • L'exemple le plus frappant est celui des flux boursiers. La capitalisation boursière a été multipliée par 5 en vingt ans. Les flux relient les grandes métropoles de la Triade (Londres, New York, Chicago, Tokyo, Paris, etc) et de plus en plus celles des pays émergents (Hong-Kong, Shanghai, Sao Paulo, Mumbai)
      • L'argent transféré par les migrants (les remises) vers leur pays de départ est aussi un exemple intéressant. La somme totale est trois fois supérieure au montant de l'aide internationale accordée aux pays les moins développés. En Haïti, en Egypte ou au Tadjikistan, elles constituent 20 % des revenus totaux des pays. Les migrants participent donc largement et individuellement au développement de ces pays.
    • les flux d'informations augmentent avec le développement des NTIC. Les réseaux sociaux de plus en plus présents et accessibles (Facebook, Twitter, etc), les moteurs de recherches de plus en plus puissants, les bandes passantes de plus en plus importantes et la reconversion web des grandes agences de presse (Reuters, Associated Press, Agence France Presse) facilitent l'échange de flux d'informations numériques.
    • les flux de services marchands à l'international représentent 1/5 du commerce mondial. Ils peuvent concerner les transports, le tourisme, les télécommunications, les médias, etc.


B- Cette explosion des flux est permise par des améliorations techniques


Cette explosion des flux est permise par des améliorations techniques. Le progrès technologique a été une condition de la mondialisationL'amélioration des moyens de transports a accéléré les flux qui sont polarisés par des hubs portuaires ou aéroportuaires.

  • Une étape majeure a été franchie avec l'invention du conteneur, boîte métallique standardisée, qui a permis un abaissement des coûts de transports. Il favorise la multimodalité en s'adaptant à plusieurs modes de transports (un conteneur peut s'adapter au pont d'un navire, à un wagon de train ou à la remorque d'un camion). L'autre saut technique est la taille croissante des navires devenus des géants des mers qu'il s'agisse de portes-conteneurs (produits manufacturés) ou de vraquiers (matières premières énergétiques, minières ou agricoles). L'essentiel des flux matériels circule aujourd'hui sur les mers du monde et est polarisé par des plateformes portuaires organisées en façades maritimes.
    • En mai 2013, l'armateur CMA-CGM a lancé son porte-conteneurs A. Von Humbolt, navire géant de 396 mètres pouvant transporter 16 000 conteneurs.
  • L'abaissement du coût de transport est aussi sensible dans le domaine aérien. Il a ainsi permis l'explosion des mobilités touristiques à l'internationale.
  • L'autre grande amélioration technique est celle des NTIC qui ont créé des « autoroutes de l'information ». Téléphonie, internet, fibre optique haut débit sont autant d'innovations qui ont permis la croissance des flux d'informatiques. En dix ans, le nombre d'internautes est passé de 400 millions à 2 milliards !

C- Ces flux tissent des réseaux qui hiérarchisent l'espace mondial


Ces flux tissent des réseaux qui hiérarchisent l'espace mondial. Les réseaux sont des ensembles de lignes ou de relations permettant de connecter des lieux entre eux ainsi que les acteurs spatiaux qui y sont présents. Parce qu'ils nécessitent de se doter d'infrastructures modernes exigeant capitaux et technologies, ils hiérarchisent l'espace en fonction du développement des territoires.

  • Les réseaux logistiques multimodaux relient entre eux des territoires éloignés au moyen de routes maritimes et aériennes qui connectent des hubs portuaires ou aéroportuaires. Ces hubs sont situés la plupart du temps dans les grandes métropoles mondiales ou sur les routes maritimes.
    • En France, l'aéroport Roissy Charles de Gaulle est l'un de ces grands hubs qui connecte l'Hexagone au reste du monde en polarisant et redistribuant les flux de voyageurs et de fret à travers le monde.
  • Les réseaux numériques connectent les pays du monde entier. Des câbles sous-marins mais aussi des liaisons satellites permettent la circulation de l'information numérique dans le monde. Très peu de pays maîtrise la technique pour couler ces câbles ou lancer des satellites. Les flux sont ensuite polarisés par des serveurs racines dont la plupart sont situés dans les pays de la Triade, et en particulier aux Etats-Unis, avant d'être redistribués vers les machines individuelles.
    • La fracture numérique reste forte puisque si 60 % des Européens ont accès à Internet en 2014, seuls 3 % des Africains sont concernés.
  • Les réseaux migratoires dessinent une « planète monde », notamment autour des migrations de travail et des diasporas.
    • Les migrants de travail, qu'il s'agisse d'un main d’œuvre qualifiée ou non, soutiennent les économies des pays riches. Ils attirent des cerveaux (« brain drain ») mais aussi des travailleurs qui acceptent des emplois peu rémunérés. Ils font en revanche défaut à leur pays de départ.
    • Il existe des diasporas historiques (juive, arménienne, grecque) mais aussi plus récentes (indienne, chinoise). Elles créent des réseaux socio-économiques à l'échelle mondiale qui sont un complément certain des économies des FTN.

ACTIVITE 2


  • Consigne : complétez la 1ere et la 3e parties du croquis obligatoire "Pôles et flux de la mondialisation"

TRACE ECRITE 3


Transition : l'abolition des frontières et la hiérarchisation des territoires qu'entraînent les réseaux de la mondialisation sont contestés par de nombreux acteurs.


III- Mais cette mondialisation qui suscite débats et rejets pose la question de sa régulation


De nos jours, face à une inflation mémorielle, les historiens tentent de déterminer leur rôle. Les mémoires prennent de plus en plus d'importance dans notre société contemporaine (A). La reconnaissance par la France de son rôle dans la déportation des Juifs en est l'exemple le plus frappant et a conduit à un apaisement mémoriel (B). Mais, parfois face à une hypermnésie, les historiens adoptent des attitudes différentes : s'engager ou prendre de la hauteur (C).


A- Les effets néfastes de la mondialisation


La mondialisation a des conséquences indésirables.

  • Elle creuse les inégalités entre territoires. Même si l'extrême-pauvreté a globalement reculé de 30 % à 10 % depuis le début des années 2000, les inégalités se creusent à l'échelle mondiale entre territoires intégrés et territoires marginalisé. A l'échelle nationale, les inégalités s'accentuent entre les territoires urbains sous l'influence des métropoles et les territoires ruraux isolés.
  • La mondialisation est également tenue pour responsable de dégâts environnementaux : les circulations permanentes de flux matériels accroissent la pollution. La recherche constante de la croissance économique implique un productivisme qui met en danger la durabilité des ressources. La mondialisation se heurte donc souvent aux principes du développement durable.
  • La diversité culturelle serait aussi menacée par la mondialisation car la diffusion de produits et services mondialisés conduirait à une uniformisation des modes de vie, des cultures et des langues. Cette uniformisation est souvent vécue comme une occidentalisation du monde, voire une américanisation du monde.
  • La souveraineté politique des Etats serait également remise en cause par la mondialisation. Les organisations internationales et les associations de coopération régionale formulent des règles que les dirigeants des Etats acceptent. Les Etats limitent donc volontairement leurs marges de manœuvre.


B- Les acteurs de la contestation


On peut distinguer deux types d'acteurs : les altermondialistes et les souverainistes.

  • Les altermondialistes : ils dénoncent le système économique mondial jugé « ultra-libéral » et le « déficit démocratique » des organisations internationales (FMI, OMC, etc). Ils militent pour une autre mondialisation plus égalitaire et plus écologique. Ils acceptent la libre-circulation de la main d’œuvre (régularisation des sans-papiers) mais refusent la plupart du temps celle des marchandises (défense du protectionnisme).
    • Des journalistes comme Ignacio Ramonet en France ou Naomi Klein au Canada ont été des contributeurs majeurs de l'altermondialisme
    • L'altermondialisme rassemble les anciennes tendances de l'extrême-gauche marxiste (qui ont renoncé au communisme totalitaire et à la lutte armée) avec les nouveaux mouvements écologistes et les partisans d'une démocratie participative.
    • En Europe, il peut s'incarner dans les mouvements de la gauche radicale tels Podemos en Espagne ou Syriza en Grèce.
  • Les souverainistes : ils s'opposent à la perte de souveraineté politique des Etats. Ils réfutent la légitimité des pouvoirs supranationaux des organisations internationales et des associations de coopération régionale. Ils militent contre le néolibéralisme et pour le protectionnisme comme les altermondialistes. Mais à la différence des altermondialistes, ils refusent la libre-circulation des personnes.
    • Par exemple, en Europe centrale et orientale, ce courant s'incarne entre autres dans l'ultranationalisme : Jobbick en Hongrie, Svoboda en Ukraine, parti « libéral-démocrate » de Vladimir Jirinovski en Russie, etc)


C- Les formes de cette contestation


Cette contestation peut prendre des formes diverses.

  • Les Forums sociaux mondiaux (FSM) : ce sont les grandes réunions annuelles mondiales des altermondialistes. Il s'agit de contre-sommets organisés en réaction au Forum économique mondial mondiaux (FEM) de Davos, en Suisse, jugé trop libéral, antidémocratique et élitiste. Les FSM sont généralement organisés dans une ville du Sud (Porto Alegre, Tunis).
  • Le mouvement des Indignés : en 2011, des manifestations ont eu lieu un peu partout dans le monde pour dénoncer les écarts de richesses criants et la priorité accordée au sauvetage financier des banques plutôt qu'au financement de programmes d'éducation, de santé ou de logement. Les Indignés se sont aussi nommés les 99%. Ce mouvement a pris la forme d'occupations symboliques d'espaces publics (Puerta del Sol à Madried, Ramblas à Barcelone, Central Park et Wall Street à New York, etc). Il s'appuie sur les réseaux sociaux pour mobiliser.
  • Les actions « coup de poing » médiatiques : les ONG ou certains hommes politiques ont mobilisé l'opinion publique par des actions frappantes. Ils s'appuient aussi sur les réseaux sociaux et les médias traditionnels pour diffuser leurs idées.
    • Greenpeace a fait atterrir des militants au sommet des centrales françaises pour montrer leur insécurité et demander la fin de cette source d'énergie.
    • José Bové a organisé le fauchage de champs de maïs OGM pour proposer une agriculture biologique.
    • Attac a organisé la réquisition de chaises de des banques HSBC et BNP pour protester contre leur rôle dans l'évasion fiscale.

Conclusion

  • En conclusion, les stratégies des acteurs en faveur de la mondialisation dans sa forme actuelle, c'est-à-dire néolibérale et capitaliste, ont pris le pas sur les contestations. Les acteurs qu'ils soient transnationaux ou étatiques, individuels ou collectifs, sont très nombreux à participer consciemment ou inconsciemment à la mondialisation. Ils génèrent des flux qui aboutissent à une réticulation à l'échelle mondiale mais également à la hiérarchisation des territoires. Mais les effets néfastes de la mondialisation sont contestés par des acteurs hétérogènes qui utilisent des formes militantes médiatiques et médiatisées pour diffuser leurs idées.
  • A plus grande échelle, la mondialisation pénètre notre monde quotidien. La plupart des gens consomment les produits des FTN régulièrement et ne contestent pas ce processus largement dominant qui s'inscrit dans nos modes d'habiter.

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