Le Proche et le Moyen-Orient, un foyer de conflits depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale

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Pour commencer, vous pouvez regarder l'émission du Dessous des cartes sur le Moyen-Orient. Elle vous permettra d'avoir une vue d'ensemble de la question. Cette vidéo date de 2004 mais elle reste toujours pertinente. 


Introduction

Les objectifs de conquête territoriale et identitaire de l’État islamique en Irak et au Cham veulent remettre en cause les frontières issues du partage du début du XXe siècle entre les grandes puissances européennes. Ce nouveau conflit, en même temps qu'il prend des formes nouvelles, s'inscrit dans la longue durée de conflictualité de la région.


En France, l’expression « Proche-Orient » désigne traditionnellement les régions de l’Est du bassin méditerranéen, de la Turquie à l’Egypte (l’ancien « Levant »). L’expression « Moyen-Orient », quant à elle, s’est imposée depuis un siècle sous l’influence des Anglo-Saxons, notamment à l’issue de la Seconde Guerre mondiale. Géographiquement, le Moyen-Orient se définit comme l’ensemble des pays de l’Asie de l’Ouest et du Sud-Ouest, de la Turquie à l’Iran, voire l’Afghanistan, et du Sud du Caucase à la péninsule Arabique, ensemble qui comprend en outre l’Égypte.

Il s'agit bien d'un foyer de conflits car elle suscite de nombreux et divers conflits qui durent dans le temps et en raison d'un enchevêtrement de facteurs propices à cette conflictualité (géopolitiques, géoéconomiques, géoculturels et géoenvironnementaux). Région stratégique pour les grandes puissances avant et pendant la guerre froide, le Proche et le Moyen-Orient sont déstabilisés par leur ingérence. Après la guerre froide, la montée de l'islamisme et les interventions américaines à partir des années 1980 ont suscité de nouvelles conflictualités.


Pourquoi le Proche et le Moyen-Orient sont-ils des foyers majeurs de conflits et de tensions internationales ?


Nous nous attacherons d'abord à montrer les facteurs permanents de conflits de la région. Puis nous étudierons en quoi elle est au cœur des enjeux de la Guerre froide avant de terminer sur la persistance de la conflictualité dans le nouvel ordre mondial.


TRACE ECRITE 1


I- Une région conflictogène : des facteurs permanents de conflits


Le Proche et le Moyen-Orient sont une région conflictogène, c'est-à-dire source de conflits. Des facteurs permanents expliquent cela : ils sont d'ordre géoculturel (A), géoéconomique (B) et géopolitique (C)


A- Des facteurs culturels : une mosaïque de peuples et de religions

Le Proche et le Moyen Orient sont une mosaïque de cultures, de peuples et de religions dont la cohabitation peut être conflictogène. Si la religion n'a pas été un facteur de conflits pendant des siècles (les 3 monothéismes cohabitaient pacifiquement), elle le devient à partir des années 1970 où des partis religieux extrémistes montent en puissance.

  • Exemple 1 : Ainsi, plusieurs peuples sont présents dans la région. Les Arabes sont répartis dans plusieurs Etats de la péninsule arabique et des rives de la Méditerranée. Les Turcs sont présents dans l'actuelle Turquie. Les Persans sont en Iran. Les Kurdes n'ont pas d’État et sont à cheval sur la Turquie, l'Irak, l'Iran et la Syrie. Les Israéliens ont leur propre Etat d'Israël.
Une mosaïque de peuples
Une mosaïque de peuples
Une mosaïque de peuples (sous forme de schéma)
Une mosaïque de peuples (sous forme de schéma)
  • Exemple 2 : Ainsi, une multitude de religions sont présentes dans la région et des acteurs les instrumentalisent au profit de tensions et de guerres. La religion dominante est l'islam. Mais les musulmans se partagent entre sunnites et chiites. La majorité des Arabes, des Kurdes et des Turcs est sunnite. La majorité des Persans est chiite. Mais il existe des minorités arabes chiites au sud de l'Irak, au Liban et sur les rives du Golfe persique. Il existe également des minorités alévis (une sous-branche du chiisme) en Turquie. Des minorités chrétiennes (on les appelle globalement les chrétiens d'Orient) sont également présentes et divisées entre les coptes en Egypte, les syriaques en Syrie et les chaldéens en Irak. Le juifs sont enfin présents dans la région depuis la fin du XIXe et surtout à partir de la création d'Israël en 1948. Des conflits sont issus de cette enchevêtrement religieux. Jérusalem, lieu trois fois saint, est objet de tensions entre chrétiens, juifs et musulmans. Les dirigeants extrémistes sunnites de l’État islamique persécutent les chiites d'Irak ou les minorités chrétiennes d'Orient.
Une mosaïque de religions
Une mosaïque de religions
Une mosaïque de religions (sous forme de schéma)
Une mosaïque de religions (sous forme de schéma)

B- Des facteurs économiques : des ressources convoitées et disputées

Les enjeux économiques s'ajoutent aux facteurs de conflictualité : le contrôle de passages maritimes géostratégiques carrefour pour le commerce mondial (canal de Suez, détroit d'Ormuz, détroit de Bab el-Mandeb), le contrôle de grandes réserves pétrolières et le contrôle de ressources en eau face à une démographie croissante sont convoités par les acteurs de la région mais aussi les grandes puissances extérieures, et ce sur toute la période.

  • Exemple 1 : Par exemple, la crise de Suez en 1956 (2e guerre israélo-arabe) montre l'importance géoéconomique du canal maritime pour les grandes puissances de l'époque, la France et la Grand-Bretagne. Nasser arrive au pouvoir en 1952 en Egypte. Il veut dégager son pays de la domination européenne et développe un discours nationaliste. L'une de ses principales décisions sera la nationalisation de la Compagnie du canal du Suez, chargée de sa gestion et qui était contrôle jusque là par les Européens. La France et la Grande-Bretagne saisissent ce prétexte pour intervenir militairement en Egypte afin de maintenir leur influence au Proche-Orient et de garantir la liberté de circulation sur le canal. Ils sont aidés d'Israël qui craint la montée en puissance de l'Egypte. Mais les Etats-Unis, l'URSS et l'ONU voit d'un mauvais œil cette intervention qui fait monter les tensions dans le cadre de la guerre froide (en effet, Nasser est pro-soviétique et l'URSS menace la France et l'Angleterre de représailles nucléaires) et font pression sur les belligérants. Quelques jours après le début de l'intervention, les Européens et Israël acceptent un cessez-le-feu. C'est une défaite humiliante pour les Européens qui perdent leur statut de grande puissance au profit de l'URSS et des Etats-Unis. C'est une victoire politique pour l'Egypte de Nasser mais aussi une victoire militaire pour Israël qui a pu détruire une grande partie de l'arsenal égyptien. L'ouverture et la liberté de navigation dans le canal de Suez et le détroit d'Ormuz restent un enjeu de la région pour toute la période.
La crise de Suez de 1956 ou la 2e guerre israélo-arabe.
La crise de Suez de 1956 ou la 2e guerre israélo-arabe.
  • Exemple 2 : Par exemple, le pétrole est à la fois un enjeu vital pour les puissances occidentales et une arme politique aux mains des Etats producteurs. Jusqu'à la fin des années 1960, les puissances industrielles contrôlent l'essentiel des zones de production et les prix par l'intermédiaire de sociétés pétrolières à capitaux occidentaux, les majors (BP, Esso). En 1960, la création de l'OPEP montre la volonté des Etats arabes de s'organiser pour peser davantage sur les cours du pétrole. Ils achètent des parts dans les majors ou procèdent à des nationalisations. Si on ne peut pas véritablement parler de guerre pour le pétrole, celui-ci est en arrière-plan de tous les conflits et tensions qui ont affecté le Proche et le Moyen-Orient.
Les hydrocarbures, un enjeu vital pour la région et les grandes puissances extérieures.
Les hydrocarbures, un enjeu vital pour la région et les grandes puissances extérieures.
  • Exemple 3 : Par exemple, l'eau est une ressource dont le contrôle peut susciter des tensions entre les acteurs de la région. La pression sur la ressource est forte puisque la population a été multipliée par 5 entre 1950 et aujourd'hui dans une région qui plus est aride. Le partage de l'eau des fleuves est source de tensions entre Israël et ses voisins syrien et palestinien. Il en est de même pour la Turquie avec les pays en aval des fleuves Tigres et Euphrate (Syrie, Irak). Néanmoins, on estime que si l'eau est un facteur qui ajoute au potentiel conflictuel, elle ne peut déclencher une guerre pour elle-même.
Le partage de l'eau, un facteur supplémentaire de tensions au Moyen-Orient.
Le partage de l'eau, un facteur supplémentaire de tensions au Moyen-Orient.

C- Des facteurs géopolitiques : des frontières imposées et contestées


Les frontières du Proche et le Moyen-Orient ont été imposées par des puissances étrangères à la fin de la Première Guerre mondiale. Cette influence étrangère peut être découpée en deux temps : si la France et la Grande-Bretagne imposent leurs vues dans la région après la Première Guerre mondiale, ils ont tendance à être remplacés progressivement par l'influence des deux Grands de la guerre froide, les Etats-Unis et l'URSS après la Seconde Guerre mondiale. Ces frontières non choisies par les acteurs de la région sont sources de tensions car des peuples ont été divisés entre plusieurs Etats (Arabes) et d'autres n'ont pas d’État du tout (Kurdes).

  • Exemple 1 : Ainsi, les frontières de la région résultent essentiellement du partage opéré par la France et la Grande-Bretagne après la chute de l'Empire ottoman et de son vassal à l'Est, l'Empire perse, en 1918. Malgré la promesse faite à l'émir Hussein de La Mecque de pouvoir créer un grand royaume arabe, Français et Anglais divisent la zone en plusieurs Etats et établissent des mandats, selon un accord secret voté dès 1916, les accords Sykes-Picot. Cette partition de la région est à l'origine de nombreux conflits sur la longue durée : entre les Kurdes et la Turquie dès les années 1920, entre le Liban, la Syrie et Israël depuis les années 1970, entre l'Irak et l'Iran dans les années 1980, entre l'Irak et le Koweit au début des années 1990, aujourd'hui avec l’État islamique qui revendique un territoire à cheval sur l'Irak et le Cham (région couvrant les actuels Syrie, Liban, Palestine, Jordanie et Sud de la Turquie).
Le partage du Moyen-Orient entre la France et l'Angleterre après la 1ère Guerre mondiale.
Le partage du Moyen-Orient entre la France et l'Angleterre après la 1ère Guerre mondiale.
  • Exemple 2 : Autre exemple, les origines du conflit israélo-arabe sont à rechercher dans l'imposition de frontières par des forces extérieures. Après la Shoah, un mouvement, le sionisme s'attache à créer un Etat en Palestine où les Juifs pourraient se réfugier. Avec l'accord de la Grande-Bretagne, l'ONU met fin au mandat britannique en 1947 et propose un plan de partage de la Palestine entre un Etat juif et un Etat palestinien. Malgré le rejet du plan par les puissances arabes, Ben Gourion proclame la naissance de l’État d'Israël en 1948. A partir de là débute le conflit israélo-arabe. La 1ère guerre israélo-arabe est quasi immédiate : dès 1948, Israël agrandit le territoire attribué par l'ONU. Cette première victoire entraîne l'exode de plus de 700 000 Palestiniens.
La création d'Israël en 1948 et la 1ère guerre israélo-arabe
La création d'Israël en 1948 et la 1ère guerre israélo-arabe

TRACE ECRITE 2


Transition : Cette triple situation de carrefour culturel, de gisement de ressources et de théâtre géopolitique a fait du Moyen-Orient un des champs d'affrontement de la Guerre froide.

II- Le Moyen-Orient, un champ d'affrontement de la Guerre froide


Pendant la Guerre froide, le Moyen-Orient est un enjeu pour les Etats-Unis et l'URSS. Les deux Grands y trouvent des alliés (A). Ils s'y affrontent par « procuration » (B). Mais les logiques conflictuelles régionales prennent le dessus dans le conflit israélo-palestinien (C).


A- Les deux Grands avancent leurs pions


Après la crise de Suez de 1956 et l'effacement des puissances européennes dans la région, l'URSS et les Etats-Unis étendent progressivement leur influence.


  • Exemple 1 : Les Etats-Unis ont pour objectif de contenir l'avancée de l'URSS vers le sud. Ils veulent créer un pont stratégique entre l'Occident et l'Asie occidentale pour encercler l'URSS et faciliter leur accès aux champs de pétrole. Pour cela, ils forgent des alliances comme celle de 1955 avec le Pacte de Bagdad. Il s'agit d'une alliance militaire qui réunit l'Irak, l'Iran, la Turquie, le Pakistan et le Royaume-Uni. Ils financent également les monarchies pétrolières conservatrices du golfe Persique, la Jordanie et le Liban qui entrent dans leur champ d'influence. Enfin, ils fournissent des armes pour permettre par exemple à Israël de se défendre.
  • Exemple 2 : L'URSS veut avancer vers le sud et doit donc étendre son influence au Moyen-Orient. Pour cela, elle passe par trois voies. D'abord elle s'allie avec la Syrie et l'Egypte qu'elle soutient lors de la crise de Suez de 1956 en lui fournissant des armes ou en finançant la construction du barrage d'Assouan. Ensuite, elle appuie les mouvements communistes dans les pays arabes particulièrement en Turquie et au Yémen du Sud où une république communiste est mise en place de 1969 à 1990. Enfin, elle exerce une propagande contre Israël afin d'apparaître comme un soutien aux pays arabes.
Le champ d'influence des Etats-Unis et de l'URSS au Moyen-Orient (certains pays comme l'Iran évoluent au cours de la période. Allié des Etats-Unis, l'Iran devient non-aligné en 1979 avec la révolution islamique)
Le champ d'influence des Etats-Unis et de l'URSS au Moyen-Orient (certains pays comme l'Iran évoluent au cours de la période. Allié des Etats-Unis, l'Iran devient non-aligné en 1979 avec la révolution islamique)

B- Un affrontement par procuration

L'affrontement entre Ouest et Est se fait par Etats interposés et prend une vigueur particulière lors des conflits israélo-arabes de 1967 à 1973. Les Etats arabes refusent de reconnaître l’État d'Israël proclamé en 1948.

  • Exemple 1 : La guerre des Six Jours de 1967 (3e conflit israélo-arabe) scelle définitivement l'alliance d'Israël avec les Etats-Unis et le soutien soviétique aux Etats arabes de la région. Israël attaque le Sinaï égyptien, le plateau du Golan syrien et des territoires palestiniens (Cisjordanie, bande gaza, Jérusalem-est). Elle remporte une victoire et conquiert de nouveaux territoires qui lui permettent d'engager une politique d'implantation de colonies : ce sont les territoires occupés. Une nouvelle vague de réfugiés palestiniens a lieu.
3e guerre israélo-arabe (1967) : Israël conquiert le Sinaï, le plateau du Golan, une partie de la Cisjordanie et Jérusalem-Est.
3e guerre israélo-arabe (1967) : Israël conquiert le Sinaï, le plateau du Golan, une partie de la Cisjordanie et Jérusalem-Est.
  • Exemple 2 : la guerre du Kippour de 1973 (4e conflit israélo-arabe) est le conflit israélo-arabe le plus internationalisé. Les deux superpuissances américaine et soviétique se sont massivement engagées en livrant du matériel militaire à leurs alliés respectifs. Les Etats arabes de la Syrie et de l'Egypte attaquent au Nord et au Sud. Israël riposte et le conflit se solde à nouveau par une victoire d'Israël. Une nouvelle vague de réfugiés palestiniens a lieu. C'est pendant cette guerre que les membres de l'OPEP utilisent pour la première fois l'arme économique du pétrole : ils diminuent brutalement les exportations pour faire pression sur les soutiens occidentaux d'Israël.
4e guerre israélo-arabe (1973)
4e guerre israélo-arabe (1973)

C- Vers un conflit israélo-palestinien

En 1979, l'Egypte et Israël signe des accords de paix – les accords de « Camp David » - grâce à la médiation américaine. Le conflit israélo-arabe mute alors en guerre israélo-palestinienne. Un nationalisme palestinien naît : les Palestiniens, réfugiés par centaines de milliers dans les Etats voisins ou au cœur de l'occupation israélienne, estiment en effet que les Etats arabes ont été inefficaces à défendre leur cause et décident d'entrer eux-mêmes dans le combat.

  • Exemple 1 : C'est dans ce contexte que naît l'OLP (Organisation de Libération de la Palestine). L'OLP opère à partir de l'extérieur de la Palestine. Yasser Arafat en est à la tête. Ils ont quatre revendications : le retour des réfugiés, la libération des territoires occupés, le refus de la reconnaissance de l’État d'Israël et l'unité de la Palestine. : ils mènent des actions de guérilla et de terrorisme depuis les camps de réfugiés en Jordanie et au Liban.
Yasser Arafat, leader de l'OLP, puis fondateur du parti Fatah
Yasser Arafat, leader de l'OLP, puis fondateur du parti Fatah
Camp de réfugiés palestiniens en Jordanie en 1969.
Camp de réfugiés palestiniens en Jordanie en 1969.

  • Exemple 2 : Progressivement, les combattants palestiniens de l'intérieur prennent le pas sur ceux de l'extérieur. En effet, l'OLP (Organisation de Libération de la Palestine) est chassée au début des années 70 d'une part des camps de réfugiés par la Jordanie (à l'origine de « septembre noir » avec des milliers de morts) et d'autre part des camps libanais par les milices chrétiennes (à l'origine d'une guerre civile au Liban). C'est alors les Palestiniens de l'intérieur, ceux des territoires occupés, qui se soulèvent spontanément en 1983. C'est la Première Intifada. Il s'agit d'une révolte caractérisée par des méthodes nouvelles (jets de pierre contre les soldats israéliens et actes désobéissance civile, en rupture avec la guérilla et le terrorisme de l'OLP) et une forte médiatisation internationale.
La 1ère Intifida ou guerre des pierres (1983)
La 1ère Intifida ou guerre des pierres (1983)

TRACE ECRITE 3


Transition : Avec la fin de la Guerre froide au début des années 1990, les tensions auraient pu s'apaiser. Pourtant loin de disparaître, les affrontements n'ont fait que muter et d'autres formes de conflictualités sont apparues. 

III- De nouvelles conflictualités depuis 1991


Avec l'effacement de l'URSS, les conflictualités mutent. Les Etats-Unis s'imposent comme seuls gendarmes de la région (A). Le conflit israélo-palestinien persiste entre périodes d'apaisement et de regain de tensions (B). Contre les nationalismes autoritaires, les peuples cherchent une voie difficile vers la démocratie (C).


A- Une hyperpuissance états-unienne interventionniste mise en échec


Après la chute de l'URSS, les Etats-Unis reste la seule puissance influente au Moyen-Orient. Ils interviennent alors militairement à plusieurs reprises dans les conflits pour combattre le cœur de ce qu'ils ont défini comme « l'axe du mal ». Mais cette stratégie est tenue en échec

  • Exemple 1 : les Etats-Unis interviennent à deux reprises en Irak contre Saddam Hussein. En 1990 après l'invasion du Koweït par Saddam Hussein, les Etats-Unis, sous mandat de l'ONU, mènent une coalition internationale qui bat très vite l'armée irakienne. En 2003, sous prétexte de présence d'armes de destruction massive dont la réalité n'a jamais été démontrée, ils interviennent à nouveau en Irak mais cette fois sans mandat de l'ONU et avec les seuls britanniques pour alliés (la France refuse de les suivre). Mais en dépit du renversement de la dictature en Irak, comme de celle des Talibans en Afghanistan après les attentats du 11 septembre, la démocratie ne s'installe pas et Daesh prend le pas sur le nouveau gouvernement irakien.
  • Exemple 2 : Les Etats-Unis interviennent après les attentats du 11 septembre 2001 en Afghanistan. Ils attaquent les Talibans, aidée par une coalition munie d'un mandat de l'ONU. Mais en dépit du renversement de la dictature des Talibans, comme de celle de Saddam Hussein en Irak après les deux interventions de 1990 et 2003, la démocratie ne s'installe pas et les tensions persistent.

B- La persistance du conflit israélo-palestinien


Le processus de paix entre Israéliens et Palestiniens est aussi un échec. Malgré les avancées dans les années 1990, les tensions ont repris entre les deux camps dans les années 2000.


  • Exemple 1 : Ainsi en 1993 ont été signés les accords d'Oslo entre le Palestinien Yasser Arafat et l'Israélien Yitzhak Rabin. Le contexte était favorable : fin de la Guerre froide, fin de la première Guerre du Golfe, assouplissement des positions de l'OLP et élection d'un leader de gauche en Israël. Ces accords prévoyaient la création d'une « Autorité palestinienne » qui aurait gouverné à Gaza et dans une partie de la Cisjordanie dans les domaines de l'éducation, de la santé et de la police. Mais ces espoirs de paix ont été douchés à partir des années 2000, avec l'assassinat de Rabin, le retour de la droite israélienne au pouvoir et la seconde Intifida en 2002.
Yitzhak Rabin et Yasser Arafat concluent les accords d'Oslo en 1992 sous l'égide du président américain Bill Clinton.
Yitzhak Rabin et Yasser Arafat concluent les accords d'Oslo en 1992 sous l'égide du président américain Bill Clinton.
  • Exemple 2 : En effet, le leader de gauche israélien Yitzhak Rabin, qui avait fait avancer le processus de paix dans les années 1990 avec le leader palestinien Yasser Arafat en reconnaissant certains pouvoirs a une Autorité palestinienne, est assassiné en 1995 par un militant d'extrême-droite hostile à la paix avec les Palestiniens. Progressivement les tensions reviennent avec l'élection d'un gouvernement de droite israélien et la reprise de la colonisation en Cisjordanie. Cela aboutit à une réaction palestinienne violente : une seconde Intifada a lieu en 2002, les attentats-suicides de radicaux palestiniens se multiplient, le Hamas (parti islamiste sunnite palestinien et nationaliste créé en 1987 pendant la 1ère Intifada, qui concurrence le Fatah de Yasser Arafat) prend le contrôle de Gaza en 2006.

C- Le difficile accouchement de la démocratie au Moyen-Orient

Face aux échecs des grandes puissances impéralistes ou des gouvernements nationalistes autoritaires issus de la décolonisation à régler les problèmes (persistance des inégalités sociales, défaites militaires contre Israël, musellement des expressions des minorités ethniques ou religieuses), les peuples du Moyen Orient se sont soulevés dès les années 1970 et ce mouvement se prolonge jusqu'aux Printemps arabes de 2010. Ils se tournent surtout vers un islam politique. Mais la large diffusion cet islamisme dans les années 1990 l'a vu muter vers de nouvelles formes : soit modérée et élue démocratiquement, soit ultra-radicale et terroriste.

  • Exemple 1 : dans les années 1970, l'islamisme s'installe uniquement en Iran. Des manifestations islamistes ont lieu dans tout le Moyen-Orient. Elles réclament des mesures sociales (moins d'inégalités), militaires (une reprise des attaques militaires contre Israël) et démocratiques (possibilité aux partis minoritaires de s'exprimer car les gouvernements nationalistes autoritaires empêchaient toute expression). Elles sont violemment réprimées par les gouvernements nationalistes autoritaires de la région. Seule la révolution iranienne réussit en 1979. Une République islamique est mise en place sous la conduite de l'ayatollah chiite Khomeiny. Pour autant les ambitions nationalistes n'ont pas disparu : l'Iran veut chasser tout impérialisme américain et lorgne sur des territoires voisins en Irak. Mais cette islamisme mute dans les années 1990 en prenant des formes nouvelles : des islamistes élus démocratiquement (Egypte, Tunisie, Turquie) ou des réseaux terroristes de plus en plus puissants (Al-Qaïda, Daesh)
L'ayatollah Khomeyni, leader spirituel de la révolution islamique en Iran en 1979.
L'ayatollah Khomeyni, leader spirituel de la révolution islamique en Iran en 1979.
  • Exemple 2 : malgré la révolution iranienne réussie en 1979, l'islamisme ne prend vraiment son essor que dans les années 1990 et surtout 2000. Ces mouvements étaient auparavant réprimés par des gouvernements nationalistes autoritaires et ne pouvaient que difficilement s'exprimer. Il peut prendre plusieurs formes. Une forme modérée qui est élue démocratiquement dans les élections (les Frères musulmans en Egypte, en Tunisie, en Turquie) et qui a profité des Printemps arabes qui ont chassé une grande partie des gouvernements nationalistes autoritaires de la région (en Syrie, le dictateur Bachar el-Assad a su se maintenir au pouvoir et les islamistes n'ont pas pris le pouvoir plongeant le pays dans une guerre civile). Une forme ultra-radicale qui utilisent des moyens violents comme le terrorisme (Al-Qaïda, Daesh). 
Les Printemps arabes, ou l'échec des nationalismes autoritaires.
Les Printemps arabes, ou l'échec des nationalismes autoritaires.

Conclusion

Le Proche et Moyen Orient constituent ainsi une des grandes régions conflictuelles du monde. La multiplicité des problèmes et des facteurs d’affrontement (ressources énergétiques, divisions religieuses, etc...) en rendent très difficile la pacification. Pendant la Guerre froide, cette région a été l'objet d'un affrontement entre l'Est et l'Ouest par le biais de conflits interposés, même si des logiques propres à la région existent aussi comme pour le conflit israélo-palestinien. Après la Guerre froide, a eu lieu une mutation des conflits dont voici les principales données : les islamismes prennent le relais des nationalisme arabes mais ils restent très divisés entre branches religieuses (sunnisme/chiisme), moyens de pouvoir (solutions pacifiques et démocratiques/radicalité terroriste) et territoire de base (rétablir une unité mythique au sein d'un califat / constituer plus pragmatiquement des modèles nationaux de développement, avec éventuellement une ambition de domination régionale).


L'intervention des grandes puissances qui était autrefois gage de stabilité est aujourd'hui délicate à gérer. Les Etats-Unis ont eu la volonté sous l'impulsion de l'administration Obama de se retirer d'Irak et d'amorcer un repli de la région, peut-être en partie dû à la découvertes de gisements d'hydrocarbures sur son territoire national. Mais la montée en puissance de Daesh remet en cause cette stratégie et les contraint de nouveau à s'engager sur ce terrain. 


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